Témoignages de Mailloles...

Voici deux témoignages de Wilfrid, qui est en prison actuellement. Si vous souhaitez le contactez envoyez moi un petit mail car je ne sais pas si je peux diffuser son adresse sur mon zine. Sinon je peux transmettre les lettres.

Mailloles*

1/4/5. Je tape ma cheum tranquillé à l'inter de Foix quand je voix débarquer 4 schmits, matraques à la amin. Y'm'demandent si j'ai pas d'arme sur moi, j'leur tends une chaîne avec un cadenas dessus : j'ai que ça. Dans le scénic la police m'explique que j'ai une fiche de recherche. Arrivée : 2 ans à faire de suite, opposition recevable. Je fais opposition, y'm'relachent, je vais pour me casser en Espagne.
11/4 je tombe sur la gendarmerie de Bourg madame. La gardav' se passe bien (rien à voir avec les enculés de Masseube-32-). Après avoir contacté 5 ou 6 juge et procs, ils m'emmènent à Perpignan, prison la plus proche. Je fais mes adieux à Poilu, mon griffon, et je passe la grille. La fouille. " déguisement en civil " : je dois laisser dans un placard mes chaussures de sécurité, mon treillis, ma veste de la poste, mon gilet de la DDE marqué " mort au vaches " et mon pendentif feuille de cana. " dans le pays où les lois sont injustes, la place de l'homme juste est en prison ". Paquetage, plateau, etc., on m'emmène à ma nouvelle demeure : une cellule de 6 où je suis le septième donc obligé de dormir avec le matelas par terre.
Un soir, je profite de la présence de ciseaux et de rasoirs pour couper les locks de ma crête et me raser à blanc sur les cotés. Le lendemain, je descends à la promenade quand un maton me demande de ma raser la crête. Je lui fait remarquer le plus poliment du monde qu'aucun article du règlement n'interdit telle ou telle coiffure. Pas vraiment de suite, sauf pour la plupart des détenus qui sont incapables de reconnaître un keupon d'un skin…
Au bout de 15 jours, je passe au C.D (le principal avantage est que la cellule est ouverte toute la journée). Audience arrivant : je tombe sur le MEME maton, qui me dis " non ? vous avez encore la crête ? " je lui répond que j'vois pas ne quoi ça dérange le fonctionnement de la prison. Fin (officielle) de l'embrouille..
Voilà bientôt six mois que je suis là avec pour toute occupation le courrier, les cours d'informatique et d'espagnol. Toujours pas de travail à ce jour, la bouffe est dégueu et le fonctionnement général j'en parle même pas…**
Les journées sont ponctuées par la " promenade " et la " gamelle " (ça vous fait penser à quoi ?) mais tout ça n'a aucune importance : c'est juste un temps mort.
Ce qui est important, c'est qu'en sortant, je vais retrouver mes potes de Foix (09) et qu'on va se boire quelques bouteilles de mousseux à la santé de la justice. Que vive le rock'n roll !

Clochards not dead !

Je te propose une "journée portes ouvertes" chez la zones Millenium : la classe banie de toutes les autres classes. Anarchiste, je respecte toute personne vivant, représentant ou exprimant toute forme d'anarchie. (apprenti) keupon, j'ai un profond respect pour le mouvement punk au delà de toutes ses divergences internes. Pourtant, on trouve au sein même de la " raya " des préjugés sur les SDF.
Nous ne sommes pas des voleurs, pas des voyous (du moins pas autant qu'o,n pourrait le devenir…) arrêtez de nous appeler le flics ou de nous tomber dessus à coups de battes de base-ball pour rien, comme ça arrive souvent de la part de toutes sorte de gens. Si on a souvent toutes sortes d'armes avec nous, c'est à titre dissuasif ou pire des cas défensif, jamais offensif. Si parfois on gueule dans la rue, qu'on insulte les gens (…) c'est pas de la haine : c'est du désespoir. Un désespoir de voir les potes se détruire, se retrouver en HP ou en taule, crever un par un. Un désespoir du fait de dormir dehors et faire la manche sous n'importe quel temps, y compris dimanche et fêtes (et on nous traite de feignants !) pourquoi alors ne pas changer de vie ? me direz vous. Allez à la mission locale vêtu en SDF, et demandez-leur une formation en informatique (chacun son domaine, on peut pas tous êtres maçons ou paysans.), vous verrez bien la réponse. A partir de ce constat, les ¾ des rats quittent le navire, mais le quart restant décide non seulement de rester SDF, mais d'en être fier, enfin de faire quelque chose même depuis notre " trou " dans l'intérêt de l'anarchie (sans avoir forcément d'étiquette : les buts se rejoignent, on a vite ciblé les amis et les ennemis). Alors mûrissent les projets (malheureusement peu aboutissent par manque de moyen, renoncement ou divergence de point de vue) : alambics, radio-pirate, sittings, journaux, musique, etc. Alors, bien sûr, on est pas 24h sur 24 sur tel ou tel projet, on serait même plus longtemps sur telle bouteille de sky mais la résistance avance.
Arrêtons donc de nous diviser : nous sommes tous là pour le même combat, SDF ou non. La prochaine fois, promet-moi de donner 2€ (c'est toujours ça qui partira pas aux impôts) au clodo en bas de chez toi, offre-lui un café (ou un canon…)et prend le temps de discuter avec lui : t'en ressortiras plus informé, et lui plus heureux. Enfin, n'oublie pas : les SDF n'existent pas qu'à Noël…

*:" Es l'infèrn, és con ho hi ha l'ivèrn. Porta la camisole a la preson de Maioles " Jolie chanson catalane qui passe sur zigomar, radio locale (96.1 sur perpi) qui passe de temps en temps du keupon

**: obligé de se rattraper sur la fiole, seule drogue autorisée ici-bas…